Brève sur "Tu es cela" par Jacqueline Patouet

Brève sur "Tu es cela" de Michel Bousseyroux, par Jacqueline Patouet

 « Tu es cela » - Sinthome, poème et identité, n’est ni un commandement ni une suite, mais la continuité de l’enseignement de Michel Bousseyroux. Comme dans un travail d’archéologue, où nous essayons de le suivre, il s’emploie à creuser et ouvrir des passages sur « la piste borroméenne » élargie par Lacan pour repenser la psychanalyse.

Après Lacan le borroméen (2014), Au risque de la topologie et la poésie - Elargir la psychanalyse (2017), La réson depuis Lacan (2018), l’auteur aborde la question de ce qu’il advient de l’identité à la fin d’une analyse, ce qui revient à se poser la question de ce qu’une analyse a opéré sur le symptôme et sur le fantasme du sujet. Pour ce faire, il interroge trois concepts lacaniens annoncés dans le titre : sinthome, poème et identité, dont le poème est l’axe majeur développé dans la troisième et très riche partie de conclusion, qui nous amène vers le concept de la lalangue. Nous retrouvons ici avec bonheur Paul Celan, Ghérasim Luca, Beckett, Mallarmé et leurs problématiques de sujets parlants.

La première des trois grandes parties du livre traite de « La folie à l’aune du sinthome », soit de ce qui est le plus réel de l’inconscient.

Arrêtons-nous sur la deuxième partie de l’ouvrage qui est celle de l’interprétation des nœuds et du nœud de l’interprétation, questions également cruciales pour l’analyse. Après un retour et rappel de l’entrée de Freud dans le réel, nous retrouvons le cas de « L’Homme aux loups ». Toujours dans une optique de transmission, l’interprétation du rêve des loups par Freud est mise en parallèle avec celle qu’en fait Lacan. Son avancée est démontrée avec l’introduction du « nœud de Lacan » à cinq passages dessus-dessous sur le réel du nombre cinq dans le rêve des loups. Le nœud à cinq se substitue à celui de six. La lettre V s’écrit comme le chiffre romain V que l’on retrouve à plusieurs reprises dans la vie de l’Homme aux loups, en fait pendant toute son existence. « Dire c’est faire le noeud. » Comment réparer le lapsus de ce nœud ? Cette question du lapsus amènera Lacan à l’appliquer au nœud borroméen R.S.I. et ainsi traiter le cas Joyce.

Dans les branches de l’arbre des loups, qui font nœud, sont déployées les formes et l’évolution du concept de l’angoisse, point d’appui incontournable de ce travail de recherche. A lire... impérativement.

Jacqueline Patouet

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