Brève sur le Transfert, de l'amour au sexe par Anastasia Tzavidopoulou
Brève à propos du livre : Le transfert, de l'amour au sexe
de Colette Soler, par Anastasia Tzavidopoulou
Il s’agit d’un retour à ce concept fondamental de la psychanalyse, le transfert. Un concept qui est pour Lacan, comme Colette Soler nous le rappelle, « déterminé par la fonction qu’il a dans une praxis » car « ce concept dirige la façon de traiter les patients. Inversement la façon de les traiter commande le concept[1] ». Qu’est-ce que cela signifie et pourquoi l’importance de ce retour que Colette Soler nous propose ? Cela signifie qu’en tant que psychanalystes nous sommes constamment obligés de penser la psychanalyse et faire usage de ses concepts dans l’acte même. Car le transfert agit sur la direction de la cure et la direction de la cure sur le transfert.
« Au commencement de la psychanalyse est le transfert[2] » souligne Lacan et même si chez Freud le transfert n’a été pensé qu’en troisième, après l’inconscient et la pulsion, il était déjà là, « au commencement », les échanges entre lui et Breuer en témoignent.
Comme le titre nous l’indique, Le transfert, de l’amour au sexe, il s’agit de suivre un chemin, chemin didactique, de Freud à Lacan avec leurs avancées, pas à pas, leurs croisements et leurs différences de l’amour au sexe et inversement.
Une indication parmi d’autres qui surgit de ce concept et son élaboration progressive telles que l’auteure nous le propose : Pour Lacan le transfert c’est l’amour, l’amour platonique avec Socrate analyste avant Freud et avec comme paradigme du transfert un couple homosexuel. Le sexe n’arrive que plus tard, d’où l’intérêt de ce chemin à suivre alors que pour Freud il est déjà là, la demande d’amour implicite d’Anna O. est une demande sexuée, avec un désir sexuel. « Voilà l’enfant de Breuer qui arrive ». Colette Soler reprend Lacan pour qui la réalité sexuelle ne viendra dans ses avancées que plus tard, avec le sujet supposé au savoir inconscient et la pulsion qui fait entrer la réalité sexuelle dans l’inconscient. De l’amour au sexe, avec Colette Soler, on marche méthodiquement sur les pas de Freud et de Lacan, en passant par la répétition ou plutôt la remémoration à l’espace du signifiant, par la jouissance dans la parole transférentielle au rôle du corps dans cet amour subverti qu’est le transfert. Du début, jusqu’à la fin de notre lecture, « la vraie fin d’un transfert[3] ».
Anastasia Tzavidopoulou
[1] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XI, Les Quatre Concepts de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 114.
[2] J. Lacan, Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 247.
[3] C. Soler, Le transfert, de l’amour au sexe, Paris, ENCL, 2020, p. 150.