Brève sur "Tu es cela" par Dominique Marin

À propos de "Tu es cela" de Michel Bousseyroux, une brève de Dominique Marin

L’élaboration tissée au long de ce livre ambitionne à la fois de 1) rendre opérante la logique des noeuds chère à Lacan et de 2) tirer enseignement du savoir-faire de l’artiste pour 3) repenser l’interprétation analytique et 4) éclairer la fin de cure.
Exemple : Pour rendre au noeud défait par l'interprétation une nature borroméenne autre qu’oedipienne en fin de cure, il propose une solution inspirée par la trouvaille de Lacan sur “la tresse subjective à quatre noeuds de trèfle comme moyen de subjectivation de la paranoïa”, grâce à la fonction du sinthome inspirée par le cas Joyce. Il est logique que l’auteur avance une autre hypothèse pour la clinique avec la psychose : que l’analyste fasse sinthome, comme l’aurait fait Lacan avec Aimée.
Si la subjectivité relève du dire qui fait le noeud du sujet réel, ce livre se nourrit de tous les instants de l'enseignement de Lacan. Son titre l’annonce. Il opère un parcours sur la fin de la cure, depuis le “Tu es cela” du “Stade du miroir,” jusqu’à une conjonction entre l’identification finale de l’analyste à son symptôme et l’acte de signer le poème qu’il est tout autant. Les derniers chapitres le démontrent par une incursion dans la poésie. L’indentification finale au symptôme se révèle être « équivalente à l’acte qui consiste à signer ce qui se lit sur les lèvres de l’inconscient-lalangue : un po-è-me ». L’interprétation, comme le symptôme, c’est ce qui se met toujours en travers de la gorge du sujet.
Il s’agit donc de clinique analytique, quels que soient les détours pris par l’auteur. Ils foisonnent, de Dali jouissant de faire énigme, en passant bien évidemment par Joyce très présent, pour aller jusqu’à “faire tanguer sa langue” selon le voeu du poète Ghérasim Luca. Car il importe que nous fassions tanguer notre langue de bois, en proposant des hypothèses pour penser la psychanalyse et conduire à une fin de cure syntone à ce que l’inconscient a de plus réel.

Dominique Marin

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