Une brève sur La différence du sexe, de David Bernard, par Claire Parada
« Il y a toujours une nécessité éthique à reposer la question de la différence des sexes, non seulement pour la psychanalyse, mais aussi pour l’actualité du lien social »[1]. C’est le pari que David Bernard propose de tenir dans ce livre.
Je relèverai un point très intéressant qui introduit le propos du livre, sans toutefois en être le centre, et qui nous montre comment l’enseignement de Lacan nous permet de lire les thèmes qui traversent notre époque, notamment, ici, la question du sexe et des identités sexuées, très actuelle dans les débats autour de la question du genre. L’auteur évoque en quoi les théories du même nom représentent un nouvel espoir de libération du sexe en considérant que l’être humain est libre de se genrer comme il le souhaite puisque la différence des sexes ne peut se réduire pour lui, ni à l’anatomie, ni à un ordre comportemental dicté par la société. Il est intéressant de remarquer que sur ces deux points la psychanalyse est prête à les suivre, mais ce ne peut être qu’un faux espoir car ce serait refouler le réel du sexe qu’est la castration, nous dit-il.
De là, l’auteur déroule toutes les conséquences que ce réel du sexe aura sur l’être parlant, aussi bien sur ses identifications sexuées toujours vacillantes, que sur sa sexualité dont la jouissance est toujours limitée et qui ne lui permet pas d’instaurer un rapport entre les sexes.
Mais alors pourquoi peut-on parler de « libération fantasmée »[2] et qu’est-ce qui fait la différence du sexe et non pas des sexes ? C’est ce que David Bernard déplie minutieusement dans cet ouvrage et qui nous donne envie d’aller relire, entre autres, la logique du fantasme[3] …ou pire[4] et bien d’autres textes de Lacan cités par l’auteur et toujours si actuels.
Claire Parada
[1] D. Bernard, La différence du sexe, Paris, Éditions Nouvelles du champ lacanien, 2021, p.9.
[2] Ibid., p.15.
[3] J. Lacan, La logique du fantasme, séminaire inédit, 1966-67.
[4] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XIX, …ou pire, Paris, Seuil, 2011.