Une brève sur "La différence du sexe", de David Bernard, par Claire Montgobert

 

    Aphorisme : proposition concise formulant l’essentiel d’une théorie ou d’une doctrine : à partir de ces « petites phrases » de Lacan, David Bernard nous invite à relire comment et avec quelle logique Lacan a renouvelé la question de la différence entre les sexes pour en proposer une autre définition.

    Maintenir ouverte et reposer la question de la différence du sexe : c’est une nécessité éthique, non seulement pour la psychanalyse mais aussi pour le lien social. Au-delà de la morale, des préjugés, des promesses de libéralisation du sexe et de tous les discours de l’époque, ce que l’inconscient nous enseigne, c’est qu’il y a une différence ineffaçable entre les sexes, une différence que d’ordinaire chacun refoule... et qui alimente les symptômes.

     

    Des airs de sexe. Le premier chapitre présente les renversements opérés par Lacan quant au phallus : si l’être sexué est affligé par la castration, les femmes et les hommes n’en sont pas affectés de la même façon… pour conclure que phallus, d’être un semblant, laisse aussi chance à chacun de s’inventer librement comme femme ou homme.

    Semblants d’hommes. La question de la clinique de la position masculine est introduite par cette remarque de Lacan : « Il est amusant qu’après soixante-dix ans de psychanalyse, on n’ait encore rien formulé sur ce que c’est que l’homme. Je parle du vir, du sexe masculin [1] ». Dans un trajet qui va de l’embarras du phallus au consentement à la castration, le chapitre explore les diverses guises de la position masculine et ouvre sur ce qui pourra conduire un homme à se situer à partir de la logique du pastout.

    Chacune, interroge le rapport des femmes au phallus et à la castration et éclaire pourquoi les femmes sont moins directement affectées par la castration imaginaire que les hommes. Le pastout n’exclut pas le rapport des femmes au phallus, il en produit au contraire la nécessité.

    Pas toute à lui. Si le malentendu est pour les deux sexes, il y a bien des façons de tourner autour… non seulement les sexes ne se rencontrent pas, mais le ratage est au rendez-vous. Et pourtant, situer la faute du côté des ratés que nous fait l’inconscient pourrait ouvrir à la possibilité d’un nouvel amour.

    Discorde entre les sexes. Ici se déploient les différentes facettes de ce qui ne manque pas de rater. Ségrégation des femmes, plus précisément d’un dire qui dévoile le manque et le scandale du non-rapport sexuel, volonté de forclore ce qui relève de la différence et de l’altérité : femme, mais aussi étranger, homosexuel, jeunesse…

    Pouvoir, politique et sexuation : en guise de conclusion, trois termes pour questionner, à partir de la psychanalyse, le lien social dans son rapport au pouvoir et au savoir.

     

    Claire Montgobert

    Vers l'ouvrage

     

    [1] J. Lacan, Le Séminaire, Livre VI, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 398.