Une brève de Patricia Robert sur Dessins et maux d'enfant, de Marie-José Latour

Lire Dessins et maux d'enfant, c'est lire des fragments qui se donnent, non seulement à lire, mais aussi à entendre. Des fragments tissés par le fil du trait, qu'il soit trait d'union, trait de crayon ou de pinceau, trait du cas ou trait d'esprit ; l'essentiel est sa trace avant tout récit.

Ce livre délicat et enseignant implique de ne pas en faire un « commen-taire » mais d'essayer de témoigner des effets de sa lecture et des résonances, de ce qui s'ex-trait.

Résonance du côté d'Alberto Giacometti : « son trait de crayon devient plus pressant ; il a l'air de vouloir entailler le papier, comme si la forme décisive se cachait derrière.

- À chaque trait de crayon, vous semblez devenir de plus en plus étranger !

Il me le démontre.

- Regardez ! Regardez ! À chaque trait, je vous éloigne de moi !

- Mais ce trait, qu'a-t-il à voir avec vous ? Et celui-ci ? Si je continue, je ne vous verrai plus du tout [1] ».

Marie-José Latour écrit et trace ce que la clinique avec les enfants lui enseigne, ce que certains artistes tentent de nous transmettre, pas-sans la psychanalyse.

L'invention et le savoir y faire sont au cœur de ce livre et elle en répond.

Cet écrit est à situer du côté de l'archéologie : archéologue d'un désir qui se dégage de chaque geste, de chaque fouille.

Lire chaque fragment qui tisse entre eux un sillon qui se creuse, un sillon qui interroge comme l'écrit Marie-José « le type de lien qu'il y a ou qu'il n'y a pas entre lire et déchiffrer et entre dessiner et écrire [page 21]. »

La psychanalyse s'intéresse à ce qui reste et le considère.

L'écriture de ce livre n'est-elle pas le témoin d'une pratique analytique et d'une lecture de ce qui reste ?

 

Patricia Robert

 

[1] A. Giacometti, Je fais certainement de la peinture..., Paris, Éditions Fondation Giacometti, 2016, p. 14. 

 

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