Une brève de Marc Strauss, à propos d'Un silence pour appui. Anacrouse de l'analyste
Si nous en croyons Lacan et faisons du discours analytique le récent quatrième où s’achève sans se fermer leur ronde, le dernier Opus de Michel Bousseyroux paru aux Éditions Nouvelles du Champ lacanien, Un silence pour appui – Anacrouse de l’analyse, s’inscrit dans une grande Tradition, celle de l’Orthodoxie, où le magistère n’est pas un complément de la Parole mais le souffle qui la rend vivante à travers les âges.
Michel, qui n’en est pas à son coup d’essai comme le rappelle la liste de ses publications antérieures, s’emploie à recevoir et à transmettre cet enseignement inédit, que Lacan a soutenu à travers ses Écrits et ses interventions orales. C’est toujours la même rigueur joyeuse et érudite qui l’anime pour suivre le fil des explorations du Maître, l’accompagner dans ses errements, explorer avec lui les impasses et en produire le coup de force d’une issue qui fait sa place à un dire qui ne se dédit pas. Toujours la même chose alors ? Que nenni, cette fois Michel nous amène au bout du bout, celui qui pour Lacan énonçait la logique ultime de l’acte. Ses pas précédents empruntaient large et avaient leur préférence du moment, religion, philosophie, linguistique, logique, topologie, poétique, etc., mais il n’a cessé d’affirmer une fin, la fin de la séance à la discrétion de l’analyste et la fin de l’analyse, pour en resserrer le point. Michel nous conduit donc au bout du symptôme, à partir du tout dernier enseignement de Lacan, avec le Borroméen généralisé, le trou, le silence. Il aura fallu à Lacan toute une vie et une cohorte d’interlocuteurs choisis pour en faire apparaître le tableau, avec son nouage et son dénouage incessant qui voue le parlêtre aux grincements du symptôme lorsque l’acte reste en défaut. En orfèvre expérimenté, d’une langue ciselée qui n’appartient qu’à lui, Michel en dégage la Voie et lui donne son souffle.
Marc Strauss