Une brève de Hélène de Lima Dutériez, sur L'époque des traumatismes, de Colette Soler

 

« La multiplication des cauchemars dans la modernité est un signe de ce que le bateau du discours fait eau de toute part et qu’il n’est plus si facile d’en colmater les brèches » (p.21)

Dans cet ouvrage qui regroupe deux textes écrits à quelques années d’intervalles, Colette Soler aborde les différentes formes de traumatismes psychiques pour développer essentiellement la problématique du traumatisme à notre époque. A l’heure où le traitement « des syndromes de stress post-traumatique » prend une place importante dans les dispositifs de soins psychiques, et ne lasse pas de faire émule sur les différentes thérapies pour tenter de les réduire, voire de les faire disparaitre, elle nous invite à ne pas oblitérer la part subjective du sujet et nous permet de revenir à l’essentiel, en particulier à l’égard des effets des discours (au sens lacanien) et leur importance pour que le sujet puisse faire face au réel et se tenir à l’abri de l’effroi. Alors que le « discours-écran », protection contre le réel, et le semblant apparaissent moins opérants chez le sujet de notre époque pour se protéger des évènements dramatiques qui émaillent notre quotidien, à mesure que le discours du capitalisme et de la science se déploient, Colette Soler nous signifie l’affaiblissement de la consistance du grand Autre et de surcroit la baisse du seuil traumatique.

« La métaphore de l’honneur », analyse remarquable sur le discours galvanisant du Roi Henry auprès de ses troupes dans la pièce de Shakespeare (Henry V), est une magnifique illustration des effets du discours du maître, où le roi au moyen de la rhétorique joue du « signifiant-maître, de l’induction du désir, de la stimulation des pulsions, et de la fraternité imaginaire » pour amener ses troupes au combat en substituant du plus au moins du réel de la mort.

Un ouvrage qui remet en lumière les rouages du traumatisme psychique, dans lequel nous ne manquerons pas la petite note sur le sujet martyre page 37, et le passage sur le retour hallucinatoire chez le traumatisé (p.99), comme point d’appui à notre clinique.

 

Hélène De Lima Dutériez

 

 

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