"Traversée du couple", une brève de Nicolas Bendrihen sur L'Amour, le Sexe, la Psychanalyse, de Sidi Askofaré

C’est une véritable traversée que nous offre Sidi Askofaré dans son ouvrage L’Amour, le Sexe, la Psychanalyse.

C’est d’abord une traversée dans le sérieux et la rigueur de son travail d’élaboration de ces dernières années : les articles, essais, conférences qui composent cet ouvrage nous immergent dans son travail sur ces – au moins – 15 dernières années.

Traversée transatlantique, également, car on lira avec bonheur ses textes prononcés au Brésil, en Colombie, et autres pays d’Amérique centrale et du sud, où, peut-être plus qu’ailleurs, les questions brûlantes de la ségrégation, de l’exclusion (avec une remarquable définition de celle-ci, page 208) et du racisme trouvent une résonance toute particulière.

Traversée aussi à travers la psychologie, au sens de la traversée du miroir, car dans tous les concepts théoriques, toutes les notions, tous les phénomènes cliniques que manie Sidi Askofaré, à chaque fois c’est la structure qui est saisie derrière le comportement, la structure qui est mise en évidence derrière ce que la psychologie s’épuise à expliquer. Les pages consacrées à la jalousie sont à ce titre exemplaires.

Mais surtout, c’est une traversée qui nous invite à penser toutes les formes historiques et contemporaines du lien, cœur du livre, et question centrale, fondamentale pour Lacan selon l’auteur. Le couple y trouve ainsi toute sa place, et particulièrement le couple analytique formé par l’analysant et l’analyste. Avec le talent qu’on lui connaît, Sidi Askofaré pose maintes fois, dans tous ses développements, la question de la possibilité future de ce couple – qui est la question de la présence de la psychanalyse dans le monde d’aujourd’hui et à venir. De la psychanalyse, pas des psychothérapies diverses qui s’accommodent parfaitement du discours de notre époque. Les pistes qu’il ouvre pour aller au-delà du constat, sans pessimisme facile, font respiration, bouffée d’air. Vivifiante lecture !

 

 

Nicolas Bendrihen

 

 

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