Brève sur Une urgence pas comme les autres, de Colette Soler, par Diego Mautino
Une brève à propos d'Une urgence pas comme les autres, de Colette Soler, par Diego Mautino
Ce livre reprend le cours donné au Collège de Clinique Psychanalytique du Champ lacanien de Paris, l’année 2020/21, et même s’il est resté marqué par la période du confinement, propose un programme qui diffère des autres urgences de l’époque.
Comme son titre l’indique bien, notamment avec le terme d’urgence en faisant résonner l’expression : la psychanalyse « une thérapeutique pas comme les autres[1]», Colette Soler avance sur la thèse d’une urgence thérapeutique nouvelle.
Comme son titre l’indique bien, notamment avec le terme d’urgence en faisant résonner l’expression : la psychanalyse « une thérapeutique pas comme les autres[1]», Colette Soler avance sur la thèse d’une urgence thérapeutique nouvelle.
Occasion pour une mise en question de l’expression de Jacques Lacan selon laquelle chaque analysant y est un « cas d’urgence[2] ». Bien qu’il s’agisse d’une curieuse urgence où nul ne peut aller vite – ni l’analyste ni l’analysant –, quel meilleur moment que la période des urgences médicales dues à la pandémie, dont parer à la mort se présente désormais comme l’urgence principale, pour questionner l’urgence propre à chaque psychanalyse, pratique si différente, qui distingue des urgences propres à la division du sujet par son inconscient ?
La thérapeutique, au sens banal, essaie d’accommoder la division, dans le domaine du travail et de l’amour « aux réalisations les plus effectives et aux réalités les plus attachantes[3] ». La psychanalyse ne néglige certes pas les effets thérapeutiques, mais si elle s’en contente elle manque l’urgence thérapeutique proprement analytique, celle qui doit être satisfaite d’urgence selon Lacan, sous peine de laisser en plan : « l’urgence thérapeutique de fin par satisfaction de la demande analysante[4] ». La véritable urgence conduit à la réconciliation du sujet, non pas avec le monde et les identifications qui s’y adaptent (S1), mais avec le destin particulier que lui font son être de sujet et son inconscient, pour permettre le passage de l’impuissance à l’impossible de la structure. C’est un bénéfice épistémique en même temps que thérapeutique.
« L’urgence de cette fin thérapeutique dont la satisfaction contrebalance l’insatisfaction du sujet divisé est une urgence qui est indissociablement urgence pour l’analysant et urgence pour la psychanalyse en extension.[5] »
Entre autres élaborations fort intéressantes, c’est sur cette hypothèse que, à mon avis, ce livre fraye une voie nouvelle, et à laquelle cette brève se propose de contribuer en vous souhaitant une bonne lecture !
La thérapeutique, au sens banal, essaie d’accommoder la division, dans le domaine du travail et de l’amour « aux réalisations les plus effectives et aux réalités les plus attachantes[3] ». La psychanalyse ne néglige certes pas les effets thérapeutiques, mais si elle s’en contente elle manque l’urgence thérapeutique proprement analytique, celle qui doit être satisfaite d’urgence selon Lacan, sous peine de laisser en plan : « l’urgence thérapeutique de fin par satisfaction de la demande analysante[4] ». La véritable urgence conduit à la réconciliation du sujet, non pas avec le monde et les identifications qui s’y adaptent (S1), mais avec le destin particulier que lui font son être de sujet et son inconscient, pour permettre le passage de l’impuissance à l’impossible de la structure. C’est un bénéfice épistémique en même temps que thérapeutique.
« L’urgence de cette fin thérapeutique dont la satisfaction contrebalance l’insatisfaction du sujet divisé est une urgence qui est indissociablement urgence pour l’analysant et urgence pour la psychanalyse en extension.[5] »
Entre autres élaborations fort intéressantes, c’est sur cette hypothèse que, à mon avis, ce livre fraye une voie nouvelle, et à laquelle cette brève se propose de contribuer en vous souhaitant une bonne lecture !
Diego Mautino
[1] J. Lacan, « Variantes de la cure-type », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 324.
[2] J. Lacan, « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI » [1976], Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 571.
[3] J. Lacan, « Note italienne » [1973], Autres écrits, op.cit., p. 308.
[4] C. Soler, Une urgence pas comme les autres, Paris, Éditions Nouvelles du Champ lacanien, 2021, p. 104.
[5] Ibidem, p. 119.